Page:Sand - Andre.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la folie, les hommes les plus faibles deviennent robustes ? Ne vous souvenez-vous pas de lui avoir vu des attaques de nerfs si violentes que vous aviez de la peine à le tenir, vous qui, certes, n’êtes pas une femmelette ?

— Bah ! c’est que je craignais de le briser en le touchant.

— Oh bien ! moi, précisément par la même raison, je me laissai gourmer jusqu’à ce qu’il s’apaisât un peu. Alors, voyant qu’il était impossible de l’empêcher d’aller voir Geneviève, je pris le parti de l’accompagner pour tâcher de rendre cette entrevue moins dangereuse. Est-ce là la conduite d’un traître envers vous, voisin ?

— À la bonne heure, dit le marquis ; mais, depuis, vous lui avez certainement donné de mauvais conseils.

— Ceux qui disent cela en ont menti par la gorge ! s’écria Joseph en jouant la fureur. Je voudrais les voir là au bout de mon fusil pour savoir s’ils oseraient soutenir leur imposture.

— Tu diras ce que tu voudras, Joseph, si tu avais voulu employer ton crédit sur l’esprit d’André, tu l’aurais empêché de faire ce qu’il a fait ; mais tu t’es croisé les bras et tu as dit : Il en arrivera ce qu’il pourra ; ce sont les affaires de ce vieux grondeur de Morand, je ne m’en embarrasse guère… Oh ! je connais ton insouciance, Joseph, et je te vois d’ici.

Joseph, voyant le marquis sensiblement radouci,