Page:Sand - Andre.djvu/243

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redoubla d’audace, et affirma par les serments les plus épouvantables qu’il avait fait son possible pour ramener André au sentiment du devoir ; mais André, disait-il, était un lion déchaîné ; il n’écoutait plus rien et montrait un caractère opiniâtre, violent et vindicatif, sur lequel rien ne pouvait avoir prise.

— Chose étrange ! dit le marquis en l’écoutant d’un air stupéfait ; il était si craintif et si nonchalant avec moi !

— Ne croyez pas cela, marquis, disait Joseph, vous ne l’avez jamais connu ; ce garçon-là est sournois en diable !

— C’est vrai, dit le marquis ; il avait l’air de se soumettre ; mais je n’avais pas les talons tournés que le drôle désobéissait de plus belle.

— Vous voyez bien que je le connais, reprit Joseph ; il a agi de même avec moi ; quand je lui avais fait une scène infernale pour le ramener au respect qu’il vous doit, il avait l’air convaincu. Je tournais les talons, et voilà mon drôle qui allait trouver les huissiers pour vous les envoyer.

— Ah ! le scélérat ! s’écria le marquis en serrant les poings à ce souvenir. Je ne sais pas, Joseph, comment tu peux le fréquenter encore ; car tu es toujours ami intime avec lui : on vous voit partout ensemble ; tu donnes le bras à sa femme ; on a même dit que tu en étais amoureux, et que, durant la maladie d’André, tu avais été au mieux avec elle. Ne m’as-tu pas fait une scène incroyable la nuit où