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Page:Sand - Andre.djvu/246

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— Eh bien ! tu sais les tracasseries de mes voisins pour ces malheureux lièvres. L’un disait : — Il se ruine, il fait des folies ; l’autre : — Il a perdu la tête ; jamais lièvres ne multiplieront dans un terrain si sec et si pierreux ; ils s’en iront tous du côté des bois. Un troisième disait : — Le marquis fournit de lièvres la table du voisin ; il fait des élèves pour sa commune, mais ils iront brouter le serpolet du Theil. Jusqu’à mon garde champêtre qui me soutient effrontément n’avoir jamais vu la trace d’un lièvre sur nos guérets.

— Eh bien ! qu’est-ce que c’est que ça ? dit Joseph en balançant d’un air superbe son lièvre par les oreilles ; est-ce un âne ? est-ce une souris ? Je voudrais bien que le garde champêtre et tous les voisins fussent là pour me dire si ce que je tiens là est une chouette ou un oison.

Cette aimable plaisanterie fit rire aux éclats le marquis triomphant.

— Dis-moi, Joseph, est-ce le seul lièvre que tu aies vu sur la commune ?

— Ils étaient trois ensemble, répondit Joseph, sans hésiter. Je crois bien que j’en ai blessé un qui ne s’en vantera pas.

— Ils étaient trois ! dit le marquis enchanté.

— Trois, qui se promenaient comme de bons bourgeois dans la Marsèche de Lourche. Il y a une mère certainement ; je l’ai reconnue à sa manière de courir. Elle doit être pleine.