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territorial de Morand. Élevé dans les environs, habitué depuis l’enfance à poursuivre le gibier le long des haies du voisinage, il connaissait parfaitement la topographie des terres héréditaires de Morand et celle des propriétés de même genre apportées en dot par sa femme. Il choisit en lui-même le plus beau champ parmi ces dernières, et pria le marquis de l’y conduire sans rien laisser soupçonner de son intention. « On m’a dit que vous aviez planté cela d’une manière splendide ; si ce n’est pas abuser de votre complaisance, allons un peu de ce côté-là. »

Le marquis fut charmé de la proposition ; rien ne pouvait le flatter plus que d’avoir à montrer ses travaux agricoles. Ils se mirent donc en route. Chemin faisant, Joseph s’arrêta sur le bord d’une traîne comme frappé d’admiration. « Tudieu ! quelle luzerne ! s’écria-t-il, est-ce de la luzerne, voisin ? Quel diable de fourrage est-ce là ? c’est vigoureux comme une forêt, et bientôt on s’y promènera à couvert du soleil.

— Ah ! dit le marquis, je suis bien aise que tu voies cela. Je te prie d’en parler un peu dans le pays : c’est une expérience que j’ai faite, un nouveau fourrage essayé pour la première fois dans nos terres.

— Comme cela, s’appelle-t-il ?

— Ah ! ma foi, je ne saurais pas te dire ; cela a un nom anglais ou irlandais que je ne peux jamais me rappeler. La société d’agriculture de Paris envoie