Page:Sand - Andre.djvu/249

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tous les ans à notre société départementale (dont tu sais que je suis le doyen) différentes sortes de graines étrangères. Ça ne réussit pas dans toutes les mains.

— Mais dans les vôtres, voisin, il paraît que ça prospère. Il faut convenir qu’il n’y a peut-être pas deux cultivateurs en France qui sachent comme vous retourner une terre et lui faire produire ce qu’il vous plaît d’y semer. Vous êtes pour les prairies artificielles, n’est-ce pas ?

— Je dis, mon enfant, qu’il n’y a que ça, et que celui qui voudra avoir du bétail un peu présentable dans notre pays ne pourra jamais en venir à bout sans les regains. Nous avons trop peu de terrain à mettre en pré, vois-tu ; il ne faut pas se dissimuler que nous sommes secs comme l’Arabie. Ça aura de la peine à prendre : le paysan est entêté et ne veut pas entendre parler de changer la vieille coutume. Cependant ils commencent à en revenir un peu.

— Parbleu ! je le crois bien ; quand on voit au marché des bœufs comme les vôtres, on est forcé d’y faire attention. Pour moi, c’est une chose qui m’a toujours tourmenté l’esprit. L’autre jour encore j’en ai vu passer une paire qui allait à Berthenoux, et je me disais : Que diable leur fait-il manger pour leur donner cette graisse, et ce poil, et cette mine !

— Eh bien ! veux-tu que je te dise une