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Page:Sand - Andre.djvu/259

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affaires que moi lourdaud. En fait de générosité et de grandeur dans les procédés, ni moi ni personne ne pourra se flatter de vous en remontrer.

— Il est vrai que je connais assez bien le monde, reprit le marquis, et que j’aime à faire les choses noblement. Eh bien ! va lui dire que je consens à le recevoir et à l’entretenir de tout dans ma maison, lui, sa femme et tous les enfants qui pourront survenir, à condition qu’il ne me demandera jamais un sou et qu’il me signera un abandon de son héritage maternel.

— Vous êtes un bon père, marquis, et certainement je n’en ferais pas tant à votre place ; mais je crains qu’André, qui a perdu la tête, ne montre en cette occasion une exigence plus grande que vos bienfaits : il vous demandera une pension.

— Une pension ! jour de Dieu !

— Ah ! je le crains ; une petite pension viagère.

— Viagère encore ! Qu’il ne s’y attende pas, le misérable ! Je me laisserai couper par morceaux plutôt que de donner de l’argent : je n’en ai pas ; je jure par tous les saints que je ne le peux pas. Qu’il vienne me chasser de ma maison et vendre mes meubles, s’il l’ose.

Joseph ne voulut pas aller plus loin ce jour-là ; il crut avoir déjà fait beaucoup en arrachant la promesse d’une espèce de réconciliation ; il savait que c’était ce qui ferait le plus de plaisir à Geneviève, et il espéra qu’une nouvelle tentative sur le marquis