Page:Sand - Andre.djvu/268

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Elle fut lente à s’en apercevoir : elle ne pouvait croire à tant de petitesse et de méchanceté ; mais quand elle s’en aperçut, elle fut glacée d’effroi, et, tombant à genoux, elle implora la Providence, qui l’avait abandonnée. Elle supporta un mois l’oppression, le soupçon insultant et l’avarice grossière avec une patience angélique. Un jour, insultée et calomniée à propos d’une aumône de quelques francs qu’elle avait faite dans le village, elle appela André à son secours et lui demanda aide et protection. André, pour tout secours, lui proposa de prendre la fuite.

Geneviève approchait du terme de sa grossesse ; elle ne possédait pas un denier pour subvenir aux frais de sa délivrance ; elle se sentait trop malade et trop épuisée pour nourrir son enfant, et elle n’avait pas de quoi le faire nourrir par une autre. Elle ne pouvait plus rien gagner, son état était perdu ; André n’avait pas l’industrie de s’en créer un. Elle sentit qu’elle était enchaînée, qu’il fallait vivre ou mourir sous le joug de son beau-père. Elle se soumit et sentit la douleur pénétrer comme un poison dans toutes les fibres de son cœur.

Quand son parti fut pris, quand elle se fut détachée de la vie par un renoncement volontaire et complet à toute espérance de bonheur, elle retrouva la forte patience et le calme extérieur qui faisaient la base de son caractère. Une grande passion pour son mari l’eût rendue capable de porter