dans les mains, pour la jeter sur elle, André s’élança sur un couteau de chasse qui était ouvert sur la table, prit d’une main son père à la gorge, et de l’autre le frappa à la poitrine.
Geneviève s’était élancée entre eux avec un gémissement d’horreur ; elle avait saisi le bras d’André et l’avait contraint à céder. La chemise du marquis fut à peine effleurée par la lame, et Geneviève se coupa les doigts assez profondément en cherchant à s’en emparer. « Ton père ! ton père ! c’est ton père ! » criait-elle à André d’une voix étouffée. André laissa tomber le couteau et s’évanouit.
La servante essaya de jeter sur Geneviève tout l’odieux de cette scène déplorable ; mais le marquis avait vu de trop près les choses pour ne pas savoir très-bien que Geneviève lui avait sauvé la vie, que le sang dont il était couvert était sorti des veines de la pauvre innocente. Il se calma aussitôt et l’aida à secourir André, qui était dans un état effrayant. Quand il revint à lui, il regarda son père et sa femme d’un air effaré, et leur demanda ce qui s’était passé. « Rien, » dit le marquis, dont le cœur n’était pas toujours fermé à la miséricorde à la vue d’un repentir sincère, et qui d’ailleurs se sentait aussi coupable qu’André. « À genoux, André, dit Geneviève à son mari ; à genoux devant ton père ! et ne te relève pas qu’il ne t’ait pardonné. Je vais te donner l’exemple. »
Cette soumission acheva de désarmer le marquis ;