Page:Sand - Andre.djvu/28

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s’amusant pour son propre compte. Sans doute André ne pouvait pas avoir d’ami plus utile. Il le retrouva donc avec plaisir, et, confié par son père à ce gouverneur de nouvelle espèce, il se laissa conduire partout où le caprice de Joseph voulut le promener.

Celui-ci commença par décréter que, vivant seul, André ne pouvait être amoureux. André garda le silence. Joseph reprit en décidant qu’il fallait qu’André devînt amoureux. André sourit d’un air mélancolique. Joseph conclut en affirmant que parmi les demoiselles de la ville il n’y en avait pas une qui eût le sens commun ; que ces précieuses étaient propres à donner le spleen plutôt qu’à l’ôter ; qu’il n’y avait au monde qu’une espèce de femmes aimables, à savoir, les grisettes, et qu’il fallait que son ami apprit à les connaître et à les apprécier, ce à quoi André se résigna machinalement.




III.


Les romanciers allemands parlent d’une petite ville de leur patrie où la beauté semble s’être exclusivement logée dans la classe des jeunes ouvrières. Quiconque a passé vingt-quatre heures dans la petite ville de L…., en France, peut attester la rare gentillesse et la coquetterie sans pareille de ses grisettes. Jamais nid de fauvettes babillardes ne mit au