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Page:Sand - Andre.djvu/29

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jour de plus riches couvées d’oisillons espiègles et jaseurs ; jamais souffle du printemps ne joua dans les prés avec plus de fleurettes brillantes et légères. La ville de L…. s’enorgueillit à bon droit de l’éclat de ses filles, et de plus de vingt lieues à la ronde les galants de tous les étages viennent risquer leur esprit et leurs prétentions dans ces bals d’artisans où, chaque dimanche, plus de deux cents petites commères étalent sous les quinquets leurs robes blanches, leurs tabliers de soie noire et leur visage couleur de rose.

Comment la toilette des dames de la ville suffit à faire travailler et vivre toutes ces fillettes, c’est ce qu’on ne saurait guère expliquer sans avouer que ces dames aiment beaucoup la toilette, et qu’elles ont bien raison.

Quoi qu’il en soit, les méchants et les méchantes vont s’étonnant du grand nombre d’artisanes (c’est un mot du pays que je demande la permission d’employer) qui réussissent à vivre dans une aussi petite ville ; mais les gens de bien ne s’en étonnent pas : ils comprennent que cette ville privilégiée est pour la grisette un théâtre de gloire qu’elle doit préférer à tout autre séjour ; ils savent en outre que la jeunesse et la santé s’alimentent sobrement et peuvent briller sous les plus modestes atours.

Ce qu’il y a de certain, c’est que nulle part peut-être en France la beauté n’a plus de droits et de franchises que dans ce petit royaume, et que nulle