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spasmes d’estomac. Voici le dîner qui sonne ; permettez-moi de vous offrir mon bras. C’est convenu, n’est-ce pas ?

— Quoi donc, monsieur, s’il vous plaît ?

— Que vous irez chercher Geneviève après dîner ?

— J’essaierai.




V


Henriette essaya en effet, pour complaire à Joseph Marteau, dont elle aurait été bien aise de rendre sérieuses les protestations d’amour. Du reste, elle feignait d’admirer beaucoup la vertu de Geneviève, et, par esprit de corps, elle ne cessait de vanter la supériorité de cette grisette, en sagesse et en esprit, sur toutes les dames de la ville ; mais intérieurement elle n’approuvait pas trop la rigidité excessive de sa conduite. Elle croyait que le bonheur n’est pas dans la solitude du cœur, et son amitié pour elle la portait à lui conseiller sans cesse d’écouter quelque galant.

Elle fut forcée de dissimuler avec Geneviève pour la décider à venir chez madame Marteau. La jeune fleuriste ne se rendit qu’en recevant l’assurance de n’y rencontrer que les filles de la maison et les ouvrières d’Henriette.

Pour aider à ce mensonge, Joseph, sans rien dire à André, le mena faire un tour de promenade dans la ville, et ne rentra que lorsqu’il jugea Geneviève et Henriette arrivées.