Page:Sand - Andre.djvu/55

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Ils les rejoignirent dans le petit jardin qui était situé derrière la maison. Geneviève donnait le bras à la grand’mère, qui s’appuyait sur elle d’un air affectueux en lui disant :

« Viens ici, mon enfant, je veux te montrer mes hémérocales, tu n’as jamais rien vu de plus beau. Quand tu les auras regardées, tu voudras en faire pour le bouquet de Justine ; c’est une fleur du plus beau blanc : tiens, vois ! »

Geneviève ne s’apercevait pas de la présence des deux jeunes gens ; ils marchaient doucement derrière elle, Joseph faisant signe aux autres jeunes filles de ne pas les faire remarquer. Geneviève s’arrêta et regarda les fleurs sans rien dire ; elle semblait réfléchir tristement.

— Eh bien, dit la vieille, est-ce que tu n’aimes pas ces fleurs-là ?

— Je les aime trop, répondit Geneviève d’un petit ton précieux rempli de charmes. C’est pour cela que je ne veux pas les copier. Ah ! voyez-vous, madame, je ne pourrais jamais ; comment oserais-je espérer de rendre cette blancheur-là et le brillant de ce tissu ? du satin serait trop luisant, la mousseline serait trop transparente ; oh ! jamais, jamais ! Et ce parfum ! qu’est-ce que c’est que ce parfum-là ? qui l’a mis dans cette fleur ? où en trouverais-je un pareil pour celles que je fais ? Le bon Dieu est plus habile que moi, ma chère dame !

En parlant ainsi, Geneviève, s’appuyant sur le vase