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Page:Sand - Andre.djvu/71

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vail était tombé malade en rentrant du pâturage, et le marquis, se promenant d’un air sombre dans la salle basse de son manoir, répétait d’une voix entrecoupée, en jetant des regards effarés sur son fils : « Des tranchées ! des tranchées épouvantables !

— Hélas ! mon père, êtes-vous malade ? s’écria André, qui ne comprenait rien à son angoisse.

Le marquis haussa les épaules, et, lui tournant le dos, continua à marcher à grands pas.

André, n’osant renouveler sa question, resta fort troublé à sa place, suivant d’un œil timide tous les mouvements de son père, qu’il croyait atteint de vives souffrances.

Enfin le marquis, s’arrêtant tout à coup, lui dit d’une voix brusque :

« Quel a été l’effet de la thériaque ? »

André, rassuré, et comprenant à demi, courut vers la porte en disant qu’il allait le demander.

« Non, non, j’irai bien moi-même, reprit vivement le marquis ; restez ici, vous n’êtes bon à rien, vous. »

André attendit pendant une heure le retour de son père, espérant trouver un moment plus favorable pour lui présenter sa demande ; mais il attendit vainement. Le marquis passa la moitié de la nuit dans l’étable avec ses laboureurs, frictionnant le triste Vermeil (c’était le nom de l’animal) et lui administrant toute sorte de potions. André se hasarda plusieurs fois de s’informer de la santé du malade, et, partant, de l’humeur de son père ; mais lorsque le