Page:Sand - Andre.djvu/86

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le char à bancs sous le hangar : le hangar était désert ; il appelle, personne ne lui répond. Il parcourt la ferme, et trouve enfin le garçon d’écurie qui semble accourir tout essoufflé et qui lui répond avec toute la sincérité apparente d’un paysan astucieux : « Hélas ! mon bon monsieur, il n’y a ni char à bancs ni cheval ; le métayer est parti avec pour la foire de Saint-Denis qui commence demain matin ; il ne savait pas qu’on en aurait besoin au château. M. le marquis lui avait dit hier de les prendre s’il en avait besoin… Qu’est-ce qui savait ? qu’est-ce qui pouvait prévoir… ?

— Mille diables ! s’écria Joseph, il est parti ! et depuis quand ? est-il bien loin ?

— Oh ! monsieur, dit le garçon en souriant d’un air piteux, il y a plus de deux heures ! il doit être à présent auprès de L… s’il ne l’a point dépassé.

« Eh bien ! dit Joseph, c’est une histoire à mourir de rire ! » Et il alla rejoindre les grisettes sans s’affliger autrement d’un événement qui devait les transporter de colère. Henriette jeta les hauts cris ; elle refusa de croire au départ du métayer ; elle maudit mille fois la malice du marquis ; elle le chercha dans toute la maison pour lui faire des reproches, pour lui demander s’il n’avait pas un autre cheval et une autre voiture ; le marquis fut introuvable. Le garçon d’écurie se lamenta d’un air désespérant sur ce fâcheux contre-temps. Enfin il fallut prendre un parti ; le jour baissait de plus en plus, il