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Page:Sand - Andre.djvu/87

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fallut partir à pied et entreprendre, à l’entrée de la nuit, une promenade de trois lieues, par des chemins assez rudes et avec des bonnets et des fichus en marmelade. Les grisettes pleuraient, et Henriette en fureur faisait de durs reproches à Joseph sur son insouciance. Celui-ci se résignait de bonne grâce à lui offrir son bras jusqu’à la ville ; elle le refusa d’abord avec dépit, et l’accepta ensuite par lassitude. Elles s’en allèrent ainsi clopin-clopant, se heurtant les pieds contre les cailloux et détestant dans leur âme l’abominable marquis, auteur de leur désastre, tandis que celui-ci, enfermé dans sa chambre et plongé dans le duvet, fredonnait en s’endormant un vieil air, à la mode peut-être dans sa jeunesse : Allez-vous-en, gens de la noce, etc.




VII.


De leur coté, André et Geneviève et mesdemoiselles Marteau continuaient paisiblement leur route sans entendre les cris de détresse dont Joseph, à tout hasard, faisait retentir la plaine. Enfin une des petites filles ayant laissé tomber son sac, André arrêta le cheval et descendit pour chercher dans l’obscurité l’objet perdu. Pendant ce temps il lui sembla entendre mugir au loin une voix de stentor qui prononçait son nom. Il consulta ses compagnons, et Geneviève décida qu’il fallait retourner en arrière,