Page:Sand - Andre.djvu/88

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parce qu’un accident était probablement arrivé aux voyageurs du char à bancs. André obéit, et, au bout de dix minutes, il rencontra les tristes piétons qui gagnaient le haut de la colline. Henriette voulut raconter la malheureuse aventure ; mais, suffoquée par sa colère, elle s’arrêta pour respirer, et Joseph, profitant de l’occasion, se mit à raconter à sa manière. Il déclara que c’était un plaisant tour du marquis, et que ces demoiselles l’avaient bien mérité pour la manière dont elles s’étaient comportées dans le verger.

— C’est une infamie ! s’écria Henriette ; votre marquis est un vieil avare, un sournois et un ivrogne.

— Allons, allons, interrompit Joseph impatienté, vous oubliez que vous parlez devant son fils et qu’il est trop poli pour vous donner un démenti ; mais, si vous étiez un homme, jarni Dieu !…

— Et c’est parce que M. André ne peut pas imposer silence à une femme, dit Geneviève assez vivement, que l’on ne doit pas abuser de sa politesse et lui faire entendre un langage qu’il ne peut supporter sans souffrir. Allons, Henriette, calme-toi, prends ma place dans la voiture ; tâchez de vous y arranger toutes, et de prendre seulement la petite Marie sur vos genoux. Pour nous, qui avons fait la moitié de la route en voiture, nous ferons bien le reste à pied, n’est-ce pas, ma chère Justine ?

La chose fut bientôt convenue. Joseph voulut un instant faire les honneurs de sa voiture