Page:Sand - Antonia.djvu/155

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— Venez, monsieur, répondit Julien en lui offrant son bras pour traverser la rue. Il y a ici trop de bruit pour s’entendre.

Ils entrèrent dans un enclos ouvert, qui portait l’écriteau de terrain à vendre, et Julien parla ainsi :

— Monsieur mon oncle, madame d’Estrelle a lu votre lettre et m’a fait comparaître devant elle pour que j’eusse à vous transmettre sa réponse verbale.

— Verbale ?

— Et textuelle.

— Voyons ça !

— Madame la comtesse, jugeant que vous aviez l’esprit troublé lorsque vous lui avez demandé sa main, a eu peur de se trouver seule avec vous et s’est soustraite à l’entretien par une promesse de réfléchir : mais ses réflexions étaient toutes faites, et voici sa décision. Elle regrette de ne pouvoir se rendre chez vous demain et vous fait savoir qu’à partir de ce moment elle ne sera plus chez elle.

— Elle s’en va ! où va-t-elle ?

— Ce n’est pas à moi d’interpréter, c’est à vous de comprendre.

— J’entends ! c’est mon congé en règle ?

— Tout porte à le croire.

— Et c’est toi qu’elle charge de me le signifier ?

— Non ! je m’en suis chargé sans lui demander son consentement.

— Pourquoi ça ? Je veux savoir !

— Vous savez de reste, monsieur. Ne m’avez-vous