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Page:Sand - Antonia.djvu/157

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serez qui vous voudrez, j’en serai enchanté, pourvu que la dignité de ma mère et la mienne ne servent pas d’enjeu à votre entreprise. Voilà ce que je désirais pouvoir dire à madame d’Estrelle, voilà ce que je vous dis. Et, à présent, je n’ai plus qu’à me rappeler que vous êtes mon oncle et à vous présenter humblement mes devoirs.

Julien allait s’éloigner après avoir salué profondément M. Antoine. Celui-ci le rappela d’une façon impérieuse.

— Et mon lis ? qui me le payera ?

— Évaluez-le, monsieur.

— Cinq cent mille francs.

— Parlez-vous sérieusement ?

— Et si je parlais sérieusement ?

— Je vous croirais, vous sachant incapable de tromper une personne qui s’en rapporte à vous.

— Des flatteries ! des bassesses !

Le rouge monta au visage du jeune artiste ; il regarda fixement M. Antoine, essayant de se persuader qu’il était réellement aliéné au point que ses invectives ne pouvaient atteindre un homme de sang-froid. Antoine pénétra sa pensée et fit un effort pour se calmer.

— Allons, dit-il, ne parlons plus de ça ! Je vais reprendre les débris et la peinture ; j’en suis pour mes frais de confiance et de bonté. Ça m’apprendra à ne plus sortir de mes idées et de mes principes ! Marche devant, et plus un mot !