Page:Sand - Antonia.djvu/267

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d’ailleurs d’une santé frêle. Ce n’est pas elle qui, comme ma femme, veillerait debout jusqu’à minuit pour repasser les chemises de son fils ; ses belles mains ne connaissent pas plus la fatigue que les vôtres. Que sera-ce donc quand Julien aura femme et enfants ! Il se reprochera vos maux, et, si le remords entre un jour dans cette âme si fière, adieu le courage et peut-être le talent !

— Assez, vous dis-je, mon cher Marcel. Conseillez-moi, dirigez-moi ; ordonnez, je me rends. Il ne faut pas que je le voie, que je lui parle ?

— Non, certes, ma chère comtesse, il ne le faut pas. Il faut qu’il ignore tout ce qui vient de se passer, et que les dons de M. Antoine tombent sur lui sans qu’il soupçonne à quelles conditions l’oncle est redevenu traitable. Autrement, il serait capable de les refuser.

— Écoutez, Marcel, dit la comtesse en se levant et en sonnant, il faut que je sorte d’ici sur l’heure pour n’y jamais rentrer !

Le domestique parut.

— Faites avancer un fiacre, dit-elle, et envoyez-moi Camille.

— Je n’emporte rien, dit-elle à Marcel. Vous vous chargerez de payer mes gens, de recueillir mes effets les plus nécessaires et de me les envoyer.

— Mais où allez-vous ?

— Dans un couvent, hors Paris, n’importe où, pourvu que vous seul sachiez où je suis.