Page:Sand - Antonia.djvu/340

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tendu, satisfait, fier de lui : il dormit serré et se leva un quart d’heure plus tard que de coutume. À peine debout, il se livra à un redoublement d’activité qui mit toute sa maison dans les transes ; car il avait le commandement roide, la menace prompte et la main plus prompte encore pour lever la canne sur les endormis. Le vieux hôtel de Melcy fut ouvert, balayé, rangé en un clin d’œil. Des messagers furent envoyés sur tous les points ; à midi, un dîner somptueux était servi. Les convives, rassemblés dans le grand salon doré, attendaient un événement mystérieux, et Marcel amenait madame Thierry et madame d’Estrelle, invitées par lui de la part du patron. Julien, averti, arrivait de son côté. Julie fut reçue par madame d’Ancourt, madame des Morges, sa fille et son gendre. Le duc de Quesnoy n’était pas de retour ; mais l’abbé de Nivières était là, résolu à manger pour deux. La présidente ne se fit pas attendre, et Marcel fut chargé de présenter aux dames une collection de botanistes, savants de profession et amateurs, que M. Antoine rassemblait chez lui dans les grandes occasions.

— Voilà qui est à mourir de rire, dit la baronne à Julie en l’attirant dans une embrasure de fenêtre. Le bonhomme m’a envoyé un exprès à six heures du matin pour m’inviter à voir le baptême d’une plante rare qui doit porter son nom ! Vous jugez le joli réveil ! J’étais furieuse ! mais j’ai vu en post-scriptum que vous deviez assister à la cérémonie, et j’ai décidé que j’y viendrais. Vous voilà donc réconciliée avec votre