Page:Sand - Antonia.djvu/345

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résigner à paraître sacrifier la gloriole à la richesse ; mais que lui importait après tout ? Julien savait bien à quoi s’en tenir.

Julie, qui était encore en deuil de son beau-père, alla passer à Sèvres le reste de l’été. Sèvres est une oasis normande à deux lieues de Paris. Les pommiers y jettent une saveur champêtre, et les collines, gracieusement couvertes de jardins rustiques, avaient, à cette époque, autant de grâce avec plus de naïveté qu’aujourd’hui. Il ne faut pourtant pas médire des riantes villas du Sèvres actuel, avec leurs ombrages magnifiques et les pittoresques mouvements du sol raviné que découpe hardiment la rivière. Le chemin de fer n’a pas trop chassé la poésie de cette région bocagère, et il n’est pas désagréable d’aller trouver, en un quart d’heure, les sentiers herbus et les prairies inclinées au bord de l’eau. Du haut de la colline, on découvre Paris, silhouette imposante sur l’horizon bleu, à travers les massifs d’arbres des premiers plans ; à trois pas de là, au fond de la gorge, on peut perdre de vue la grande ville, se détourner des villas trop blanches, et s’égarer dans une vraie campagne encore naïve, bien qu’un peu rococo, et toujours admirablement fleurie.

Julie recouvra là sa santé, quelque temps compromise assez gravement, et, avant comme après le mariage, Julien fut tout pour elle, comme elle était tout pour lui. Ce que le monde dit et pensa de leur union, ils ne voulurent pas le savoir. Leurs vrais