Page:Sand - Antonia.djvu/37

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s’asseyant. Jusqu’à présent, vous demeuriez dans une maison appartenant au marquis d’Estrelle mon beau-père ; mais, d’aujourd’hui, vous demeurez chez moi, M. le marquis m’ayant fait don de cette maison. J’ignore encore les conditions de votre bail ; mais je présume qu’il en est une que vous consentirez à modifier.

— Veuillez me dire laquelle, madame la comtesse, répondit la veuve en s’inclinant légèrement et avec une expression de visage un peu assombrie par la crainte de quelque vexation.

— C’est, répondit la comtesse, cette vilaine porte fermée et verrouillée entre nous qui m’offusque. Si vous m’y autorisez, je la fais ouvrir dès demain. Je vous en remets les clefs, et je vous invite à prendre l’exercice et la distraction de la promenade dans mon jardin autant qu’il vous plaira. Ce sera pour moi un plaisir de vous y rencontrer. Je vis fort seule, et, si vous voulez bien vous reposer quelquefois dans la maison que j’habite, je ferai mon possible pour que vous ne soyez pas mécontente de mon voisinage.

La figure de madame Thierry s’était éclaircie. L’offre de la comtesse lui faisait un vrai plaisir. Voir à toute heure un beau jardin et n’y pouvoir poser le pied est une sorte de supplice. En outre, elle fut vivement touchée de la grâce de l’invitation, et comprit tout de suite qu’elle avait affaire à une femme de cœur parfaitement aimable. Elle remercia avec une cordialité charmante, sans rien perdre de la dignité douce de