Page:Sand - Antonia.djvu/53

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plus que j’en sorte et que je me présente chez vous. Voilà ce que je venais vous dire. Il n’est pas nécessaire d’ajouter que pas un seul instant mon fils n’a songé à se croire compris dans la permission que vous m’avez si gracieusement octroyée hier.

— Eh bien, s’écria la comtesse, ce dernier point est tout ce qu’il me faut. Je vous remercie de votre délicatesse, qui m’autorise à ne pas vous rendre vos visites ; mais, quant au reste, je ne l’accepte pas. Vous vous promènerez chez moi, et vous viendrez me voir.

— Il vaudrait peut-être mieux que je n’y vinsse pas !

— Non, non, reprit vivement Julie, vous viendrez, je le veux ! et, si vous ne venez pas, il faudra que j’aille vous chercher et frapper encore à votre vitre, ce qui me compromettra. Voyez si vous voulez, ajouta-t-elle en riant, que je me perde pour vous ! Je vous avertis que j’en suis capable.

Madame Thierry ne sut pas résister au charme de cette ingénuité généreuse. Elle céda, se promettant de fuir à l’autre bout de Paris, si ce qu’elle pressentait de la passion de Julien n’était pas une rêverie de son imagination maternelle.

— Réglons maintenant, dit la comtesse, et pour en finir avec tout danger de médisance, nos conditions de voisinage. Le pavillon n’a que quatre fenêtres qui donnent sur mon jardin. Les deux d’en bas… Je ne connais pas le local !