Page:Sand - Antonia.djvu/69

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ses pas, et, interrompant les rêveries horticoles de M. Antoine :

— À propos, mon bel oncle, dit-il d’un ton enjoué, voulez-vous acheter le pavillon de l’hôtel d’Estrelle ?

— Le pavillon est en vente, et tu ne me le disais pas, imbécile ?

— Je l’oubliais. Eh bien, combien en donneriez-vous ?

— Qu’est-ce que ça vaut ?

— Je vous l’ai dit cent fois : pour la comtesse d’Estrelle, qui vient d’en accepter la propriété, ça vaut dix mille livres ; pour vous, qui en avez envie et besoin, ça vaut le double. Reste à savoir si la comtesse n’en exigera pas le triple.

— Ah ! voilà bien les grands ! plus âpres et plus chiches que les parvenus qu’ils méprisent !

— La comtesse d’Estrelle ne méprise personne.

— Si fait ! c’est une sotte comme les autres. Nous sommes séparés par un mur, et, depuis quatre ans qu’elle habite l’hôtel d’Estrelle, jamais elle n’a eu la curiosité de voir mon jardin.

— Peut-être n’entend-elle rien aux plantes rares.

— Dis plutôt qu’elle se croirait déshonorée si elle mettait les pieds chez un plébéien !

— Ah ! vous voulez qu’une jeune femme en deuil se compromette en venant se promener chez un garçon de votre âge ?

— Mon âge ? Plaisantes-tu ? Suis-je d’un âge à faire parler ?