Page:Sand - Antonia.djvu/84

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Marcel, il affecta de se réjouir dans un autre sens.

— Eh bien, procureur, lui dit-il d’un air de triomphe, te voilà pris, et bien penaud ! Que me disais-tu donc des prétentions de cette dame ? Elle a plus de bon sens que toi, elle s’en rapporte à mon évaluation…

— Bien, bien, réjouissez-vous de ses bonnes façons, répondit Marcel, et savourez les louanges que vous devez à sa politesse ; mais tâchez de comprendre et d’être à la hauteur du rôle qu’on vous attribue !

— Au fait ! réprit Antoine, qui avait beaucoup de finesse en affaires, quand on dit à un homme comme moi : « Faites ce que vous voudrez, » ça veut dire : « Payez en grand seigneur ! » Eh bien, mordi ! je payerai cher, et la grande dame verra si je suis un cuistre comme son beau-père le marquis ! Une seule chose m’étonne de la part d’une femme qui ne me paraît pas sotte : c’est l’estime qu’elle fait de madame ma belle-sœur !… Je ne sais pas trop si elle a cru m’être agréable ou me narguer en me disant la chose.

— Elle a cru vous être agréable.

— Sans doute, puisqu’elle a besoin de moi ; mais ma belle-sœur m’aura pourtant fait passer pour un ladre ?

— Ma tante n’a point parlé de vous. Conduisez-vous de manière qu’elle n’ait pas à s’en plaindre.

— Qu’elle se plaigne si elle veut ! qu’est-ce que ça me fait, à moi ? Qu’ai-je besoin de l’estime et de l’amitié de cette comtesse ?