Page:Sand - Antonia.djvu/86

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rie et insister pour qu’elle tînt la dragée haute à l’acquéreur. Il la trouva peu disposée à se prêter à aucun manège pour obtenir ce résultat.

— Faites comme vous l’entendrez, mon cher monsieur Thierry, lui dit-elle ; mais ne me demandez pas de vous aider. Vous m’avez dit que votre oncle était un peu vain, que, grâce à mon titre, j’aurais facilement un peu d’ascendant sur lui, et que, grâce à cet ascendant, je pouvais l’intéresser au sort de sa belle-sœur. Je me suis hâtée d’essayer ma puissance. Vous me dites que vous en espérez quelque chose ; j’ai fait ce que mon cœur me dictait, ne me parlez pas du reste. Qui vous presse de vendre ce pavillon ? Ne m’avez-vous pas dit que les créanciers de mon mari prendraient patience en me voyant nantie de quelque immeuble de plus, que le marquis ne laisserait jamais vendre l’hôtel d’Estrelle, et que je pouvais, pendant quelque temps, oublier mes ennuis ? Tenez-moi parole, et laissez votre oncle tourner autour du pavillon, puisque cela me servira de prétexte pour plaider la cause de madame Thierry. J’ai dit la vérité en déclarant que je ne voulais pas qu’elle fût dépossédée de son logement malgré elle, et, à présent, je vous déclare que j’aurais beaucoup de regret en perdant son voisinage.

Marcel, n’ayant pu ébranler ces résolutions, alla voir sa tante Thierry et lui raconta, ainsi qu’à Julien, la démarche et les bons sentiments de la généreuse comtesse à leur égard. Madame Thierry en fut tou-