Page:Sand - Cadio.djvu/109

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MARIE. Je te le dirai (bas, montrant Cadio qui les suit) quand nous seront seules.

LOUISE, de même. Ce garçon-là ne compte pas. Il n’entend ou ne comprend rien en dehors d’un petit cercle d’idées fixes. C’est un brave cœur, mais c’est un fou. Voyons, parle ; je te jure qu’il comprend mieux le langage des oiseaux que le nôtre.

MARIE. De quoi veux-tu que je te parle ? du marquis ? Il y a encore un brillant fait d’armes à inscrire sur sa liste. Pendant ton absence, il a pris la ville que tu vois d’ici. Depuis deux jours, il la garde, il veut s’y maintenir deux jours encore pour mettre de l’ordre dans l’armée et lui donner du repos. Tu en profiteras, tu dois en avoir besoin.

LOUISE. Je sais tout cela ; j’ai rencontré le courrier. Nos affaires vont mieux. On espère n’être pas forcé de passer la Loire.

MARIE. Rapportes-tu de l’argent ? C’est ce qui manque le plus, à ce qu’il paraît.

LOUISE. Je n’ai rien trouvé à Sauvières, nos fermiers avaient été forcés de payer à la République ; mais je rapporte les diamants de ma mère, que j’avais confiés à ma nourrice et qu’elle avait enterrés dans son jardin. À présent, me diras-tu… ? Voyons, n’élude pas mes questions. Tu es agitée, soucieuse. Asseyons-nous un instant, je suis lasse. Regarde-moi et réponds-moi. Tu me caches quelque chose. Saint-Gueltas est blessé, il aura craint de me surprendre…

MARIE. Il n’a rien, je te jure.

LOUISE. Alors, il m’évite ?

MARIE. Je pense qu’il a quelque dépit. Est-il vrai que ton cousin soit en Vendée ?

LOUISE. Oui ; je l’ai revu à Sauvières.