Page:Sand - Cadio.djvu/110

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MARIE. Ah ! Eh bien ?

LOUISE. Eh bien, quoi ?

MARIE. Il est toujours républicain ?

LOUISE. Tu en doutes ?

MARIE. Non ! mais il est toujours ton meilleur ami ?

LOUISE. Il m’abandonne. Rien n’a pu le ramener, et Dieu sait pourtant que je lui aurais sacrifié…

MARIE. Ton inclination pour…

LOUISE. Oui, loyalement et courageusement. Mon père n’aime pas Saint-Gueltas, il regrette son neveu. Moi, je n’ai pas de confiance dans le marquis, je le crains… Qui sait si je l’aime ? Tu vois que tu peux me parler de lui. Que te disait-il de moi, là, tout à l’heure ?

MARIE. Ne me le demande pas, ma Louise. Cet homme est indigne de toi. Il faut l’oublier.

LOUISE. Ah ! Et toi, l’oublieras-tu ?

MARIE. Moi ? Tu sais fort bien que j’ai pour lui un éloignement, un dégoût invincibles !

LOUISE. Avec quelle énergie tu dis cela aujourd’hui ! Marie, il te fait la cour ! Il me trompe, et, toi, tu ne m’as jamais dit la vérité !

MARIE. Il ne m’avait jamais fait cette injure.

LOUISE. Mais aujourd’hui, tout à l’heure, il t’a dit… Oui, tes joues sont enflammées de colère… ou d’orgueil !

MARIE. Louise !… tu sembles croire… Faut-il te dire que cet homme ne nous aime ni l’une ni l’autre, qu’il n’estime et ne respecte aucune femme,… que son hommage me fait l’effet d’une flétrissure ?…

LOUISE. Tu mens !

MARIE. Et toi, tu m’affliges et tu m’offenses !

LOUISE. Ah ! c’est que mon courage est à bout. Il y