Page:Sand - Cadio.djvu/115

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Tu diras que je suis lasse de partager tes fatigues et tes dangers.

LOUISE. Non, je ne mentirai pas. On ne me croirait pas d’ailleurs ; on sait qui tu es !

MARIE. Eh bien, dis que ma vieille tante est malade et me rappelle à Paris.

LOUISE. C’est là que tu iras ?

MARIE. Je n’en sais rien.

LOUISE, soupçonneuse. Tu n’en sais rien ? Où iras-tu ?

MARIE. Sois tranquille, je n’irai pas à la Roche-Brûlée. Adieu, je te quitte ici.

LOUISE. Ici ? Mais tes effets ?

MARIE. C’est si peu de chose, que cela ne vaut pas la peine d’être emporté.

LOUISE. Mais tu n’as pas d’argent ?

MARIE. J’en ai assez.

LOUISE. Non, tu n’as rien ! Et moi, je n’en ai plus… Ah ! attends ! mes diamants, partageons…

MARIE. Louise, ne m’humilie pas. Je ne veux rien… Regarde ce gros arbre, le marquis est là qui t’attend. Tu n’as plus besoin de Cadio, il me conduira à la ville républicaine la plus proche. Je ne veux pas subir l’outrage de te voir jalouse de moi en présence de M. Saint-Gueltas. Adieu !

LOUISE. Oh ! je t’ai cruellement blessée, je le vois… Ne veux-tu pas me pardonner ? Reste avec moi, je souffrirai, mais je saurai me vaincre… Marie, pardonne-moi !

MARIE. Je te pardonne de toute mon âme, mais je ne puis plus te servir, ni te protéger. Voilà ton père qui rejoint le marquis. Je ne te laisse pas seule.

LOUISE. Mais toi ?…