MARIE. Cadio, voulez-vous me conduire à Pont-Vieux ?
CADIO, qui, assis à l’écart, s’est occupé à sculpter un morceau de bois. Oui bien, c’est par là que je voulais aller.
LOUISE. Tu reviendras à Saint-Christophe ce soir, j’ai à te payer…
CADIO. Oui, oui, c’est bon, demoiselle. (À Marie.) Le jour baisse, partons !
MARIE, à Louise, qui veut la retenir. Ton père et le marquis t’ont vue, ils viennent. Quand tu auras besoin de moi, appelle-moi, j’accourrai. (Elle s’enfonce dans les massifs avec Cadio.)
LOUISE, la suivant des yeux. Ô Marie, Marie ! je suis bien coupable d’avoir froissé une âme comme la tienne ! Je mérite le désespoir où je me précipite.
SCÈNE III. — Un peu plus loin dans la campagne. MARIE, CADIO.
MARIE. Je peux marcher plus vite, Cadio.
CADIO. Nous avons le temps, demoiselle.
MARIE. Mais si vous voulez retourner ce soir à Saint-Christophe ?
CADIO. Je n’y veux pas retourner. J’ai assez d’argent. Tenez, voilà ce que M. Henri m’a donné. Prenez-en, puisque vous n’avez rien. Oh ! c’est de l’argent bien honnête ! Ça vient d’un homme qui est bon et doux !
MARIE. Vous avez raison, Cadio, je pourrais l’accepter de lui sans rougir.
CADIO. Mais vous auriez honte de partager avec moi ?
MARIE. Non, mon ami, non certes ! mais je vous jure que j’ai quelque chose, et que cela me suffit.