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SCÈNE III. — LA KORIGANE, SAINT-GUELTAS, sortant des buissons.


SAINT-GUELTAS. Eh bien, la farfadette, qu’est-ce qu’il y a donc ?

LA KORIGANE. C’est rien, mon maître. Un des nôtres avec qui je plaisantais.

SAINT-GUELTAS. Quelque amoureux ? Ah ! les femmes, ça trouve toujours le temps de penser à ça !

LA KORIGANE. Je n’ai pas d’amoureux, mon maître.

SAINT-GUELTAS. Tu as tort… Mais où sont nos éclaireurs ? Tu étais avec eux ?

LA KORIGANE. Ils avancent bien doucement ; le pays est tout défoncé.

SAINT-GUELTAS. Vous n’avez rencontré personne ?

LA KORIGANE. Pas seulement un lapin. Le gibier est épeuré à c’t’heure.

SAINT-GUELTAS. Tant mieux ! vous vous amuseriez à le chasser, et il ne s’agit pas de ça.

LA KORIGANE. Dame ! on est mort de faim ! Je crois qu’on le mangerait tout cru.

SAINT-GUELTAS. La poudre est pour tirer sur les bleus, et elle est rare. Le premier qui perd un coup de fusil aura de mes nouvelles. Dis-leur ça, rejoins-les ; cours !

LA KORIGANE. Courir ? J’ai les pieds en sang.

SAINT-GUELTAS. Pas de réflexion. Dis-leur de gagner toujours sur la droite ; l’armée arrive.

LA KORIGANE. L’armée ?

SAINT-GUELTAS. Ah çà ! m’entends-tu ?

LA KORIGANE. Elle n’est pas grosse à présent, l’armée !