Page:Sand - Cadio.djvu/143

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peu m’aider à verser la calèche. Je ne peux pas tout seul !

ROXANE. Verser la calèche ? Et qu’est-ce qui nous garantira du froid, s’il nous faut attendre ici que la ville soit prise ?

LE PAYSAN. Oh ! vous aurez assez chaud tout à l’heure à vous sauver, quand on chargera l’ennemi. Allons, vous, le vieux ! un coup de main !

LA TESSONNIÈRE. Vous plaisantez, mon ami !

LE PAYSAN. Vous ne voulez pas ? Eh bien, aux cinq cents diables le berlingot ! (Il casse les vitres avec le manche de son fouet et brise les châssis de la calèche.)

ROXANE. Ah ! le misérable ! il détruit notre dernier asile ! Empêchez-le donc, la Tessonnière !

LA TESSONNIÈRE. Merci ! vous voyez bien qu’il est furieux !

LE PAYSAN, cassant toujours. Damnée guimbarde, va ! Pas possible de l’ôter de là ! Ah ! v’là du renfort !


SCÈNE V. — Les Mêmes, MACHEBALLE et quatre Vendéens, maigres, déchirés, barbus, hâves.


MACHEBALLE, (au postillon.) T’es-t-encore là, feignant ? Laisse ça, et cours aux canons ; y en a un d’embourbé. Dépêche, ou gare à toi !

LE POSTILLON. On y va, quoi, on y va ! (Il remonte à cheval et part au trot.)

ROXANE, à la Tessonnière. C’est cet affreux Mâcheballe, si grossier ! Ne lui parlons pas, venez !

LA TESSONNIÈRE. Où donc aller ? On enfonce à mi-jambes dans les prés !

ROXANE. Non, par là, sur la fougère. Ah ! grand