Page:Sand - Cadio.djvu/148

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LA KORIGANE, accourant. Mon maître, tes gars se sauvent aussi avec leurs officiers !

SAINT-GUELTAS. De quel côté ?

LA KORIGANE. Ils courent droit sur la ville, comme des fous, croyant lui tourner le dos.

SAINT-GUELTAS. Alors, c’est bon ! Ils la prendront malgré eux. Je les rejoins. (Au chevalier.) Courez dire aux autres que la ville est prise ! (Il s’éloigne rapidement.)

LE CHEVALIER, le suivant. Au diable les autres ! je vous suis !

LA KORIGANE. Et moi, je vais me fair tuer avec eux ! (Elle part.)

MACHEBALLE, au comte et à Raboisson. Allons, mordieu ! retournez, vous autres ! empêchez la déroute !

LE COMTE, hautain. Nous savons ce que nous avons à faire. (Il s’en va du côté de l’armée vendéenne.)

MACHEBALLE, à Stock. Et vous, qu’est-ce que vous faites-là ? Allez à votre détachement.

STOCK. Mon détachement ? Le voilà ! c’est moi.

MACHEBALLE. Parti ?

RABOISSON, à Stock. Comme le mien, depuis le coucher du soleil.

MACHEBALLE. Mille noms de nom du diable ! Eh bien, alors…

RABOISSON, à Stock, sans vouloir répondre à Mâcheballe. C’est assez se démener pour rien. Nos malheureux hommes sont ivres de terreur, de faim, de fatigue et de désespoir. Ils ont fait tout ce que des hommes peuvent faire, ils ont fait plus : ils ont tenu jusqu’au bout comme des héros, tantôt comme des saints, tantôt comme des diables…

STOCK. Ou comme des Suisses ! oui !

RABOISSON. Ils sont à bout d’énergie. Ce ne sont