Page:Sand - Cadio.djvu/152

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il pousse un hurlement et va rouler près de la calèche, d’où Cadio s’est relevé, le fusil de Tirefeuille encore fumant à la main. — Tirefeuille, qui dort à deux pas de là, s’est redressé au bruit.)

TIREFEUILLE. C’est rien… C’est le prisonnier qu’on achève. (Il retombe endormi.)

HENRI, soufflant à travers la fumée de la poudre qui l’enveloppe. Bien visé ! À moi, l’ami ! délie-moi, et nous allons travailler tous les deux.

CADIO, fait un pas et laisse tomber le fusil, il est près de tomber lui-même. J’ai tué, moi, moi ! j’ai tué un homme !

HENRI. Mais viens donc ! nous en tuerons dix !

CADIO, égaré, montant vers lui. Qui m’appelle ? Où est-ce que je suis ?

HENRI. Ah ! je te reconnais, toi ! tu t’appelles Cadio !

CADIO, essayant de le délier. Je vous avais reconnu aussi… Ah ! voyez, voyez ce que j’ai fait pour vous ! J’ai tué !

HENRI. Tu as sacrifié un bandit à un honnête homme… Mais coupe donc ces cordes ! as-tu un couteau ?

CADIO. Oui, je crois que oui… Vous pensez qu’il est mort, lui ?

HENRI. Oui, oui, bien mort. N’aie par peur ! rends-moi les mains, les mains d’abord !

CADIO. Vous voilà libre. Sauvez-vous !

HENRI, l’embrassant. Merci, mon garçon. Par où fuir ?

CADIO. Je ne sais plus… ils sont partout ! (Il voit Tirefeuille endormi.) Ah ! tenez ! un autre là ! mort aussi ! J’en ai donc tué deux ?

HENRI, regardant Tirefeuille tout en cherchant les pistolets de Mâcheballe qu’il ramasse. Non, c’est un homme mort de fatigue