Page:Sand - Cadio.djvu/162

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cinq minutes pour faire souffler les chevaux, et nous allons plus loin couper la retraite aux vaincus. (Bas, à Henri.) Donnons-leur le temps de fuir. Quand il s’en sauverait quelques-uns ! Les malheureux ne peuvent plus rien.

HENRI. Non, rien ! c’est ici le dernier soupir de la Vendée. Tout a fui devant nous, et derrière nous rien n’est épargne. Le général l’a juré, et vous savez qu’il tient parole.

LE COLONEL. Votre oncle a dû pouvoir s’échapper ; mais Louise ?

HENRI. Un autre que moi la protége.


SCÈNE XIII. — Les Mêmes, LE COMTE DE SAUVIÈRES, amené par des Fantassins.

HENRI, (bas.) Dieu ! lui, mon oncle ! Grâce pour lui, mon colonel !

LE COLONEL, aux fantassins. Laissez ce malheureux.

UN FANTASSIN. Colonel, on l’a pris les armes à la main. Il ne s’est pas rendu.

LE COLONEL. Il est criblé de blessures. Laissez-le respirer. (Les fantassins quittent les bras du comte, qui tombe aussitôt épuisé.) Voyez, mes enfants, il se meurt ! vous n’achevez pas les agonisants ?

LES FANTASSINS. Non, non ! pas nous ! (Ils s’éloignent et vont se joindre aux cavaliers, qui essuient leurs cheveaux couverts de sueur, de sang et de boue.)

LE COMTE. Adieu, chère France ! c’est ma fin et celle de la guerre ! (Voyant Henri, qui, à genoux près de lui, le soutient dans ses bras.) Qui donc est là ?

HENRI. Moi, ne me maudissez pas !