Sauvières sont réfugiées par ici, on me l’a dit. Leurs âges se rapportent à la déclaration du municipal. J’ai là leur signalement, tu dois les voir.
LE DÉLÉGUÉ. Allons, dépêchons-nous !
LE SECRÉTAIRE, à Corny, qui l’a écouté. Eh bien, la Françoise ?
CORNY. Oh dame ! elle est aux champs, un peu loin. Faut le temps ; j’ai envoyé…
LE DEUXIÈME SECRÉTAIRE. Amenez la Marie-Jeanne en attendant.
CORNY. Celle-là mène nos chèvres de son côté.
LE PREMIER SECRÉTAIRE. Et le père Jacques ? il est aussi aux champs ?
CORNY. Dame ! c’est l’heure de faire son ouvrage.
LE SECRÉTAIRE, au délégué, qui s’impatiente. Une jeune fille et une vieille… Je jurerais que je les tiens ! (À Corny qui l’écoute toujours sans en avoir l’air.) Elle est fille, n’est-ce pas, la Marie-Jeanne ?
CORNY. Excusez, citoyen elle est veuve.
LE SECRÉTAIRE, à Rebec qui tressaille. Est-ce vrai, qu’elle est veuve ?
REBEC, se remettant et payant d’audace. Veuve d’un républicain mort au champ d’honneur, à ce que l’on m’a dit.
LE SECRÉTAIRE. Mais Françoise n’est pas mariée ?
CORNY. Faites excuse, elle l’est.
LE SECRÉTAIRE, à Rebec. Réponds, toi !… J’imagine que tu n’oserais pas mentir au représentant de la nation ? Allons, la vérité ! Françoise est une brigande, nous le savons. Veux-tu que je la nomme ? Tu pâlis, traître !
REBEC. Citoyen, j’ignore…
CORNY. Allons donc, citoyen municipal, faut pas vous