Page:Sand - Cadio.djvu/256

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MARIE. C’est moi qui paye comme ça l’amitié qu’on a pour moi.

LA PETITE FILLE. Ça se paye donc, l’amitié ?

MARIE. Oui, avec de l’amitié. Est-ce que tu ne m’aimes pas, toi ?

LA PETITE FILLE. Oh ! si !

MARIE. Eh bien, tu me payes.

LE PETIT GARÇON, d’un air capable. Ça n’est pas plus malin que ça, pardi ! Citoyenne,… je t’aime aussi moi !

MARIE, l’embrassant. Je l’espère bien ! autrement, tu serais ingrat.

LA PETITE FILLE. Qu’est-ce que c’est, ingrat ?

LE PETIT GARÇON. C’est d’être bossu, méchant, vilain et malpropre, v’là ce que c’est. Viens, que je te reconduise à la maison. On jouera un brin au bord de la mare, et puis j’irai chercher mon chevau pour le faire boire.

MARIE. Ah ! on dit un cheval, tu sais !

LE PETIT GARÇON. C’est vrai ! c’est vrai ! c’est les chouans qui disent : « Mon chevau ! »

(Il s’en va avec sa sœur. Marie se remet à coudre ; Henri sort du jardin et descend le sentier du bois. Il regarde Marie un instant avec émotion avant d’oser lui parler. Marie lève la tête et lui sourit.)



Scène II. — MARIE, HENRI.


MARIE. Je vous ai entendu venir ! Il faut me pardonner si je ne quitte pas mon ouvrage : ces paysans sont si bons pour moi, que je suis vraiment heureuse ici, et que je veux leur être agréable. Vous permettez que j’achève ce petit bonnet ?