Page:Sand - Cadio.djvu/260

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MARIE, embarrassée. Voilà Cadio qui nous cherche.

HENRI, appelant, attentif et inquiet. Par ici. Cadio ! (À Marie.) Le croyez-vous en état de partir aussi, lui ?

MARIE, parlant vite pour changer de conversation. Mais… Oui ! Il se porte bien. Il s’exerce à manier les jeunes chevaux de la ferme. Il est intrépide et adroit, calme surtout, étrangement calme et studieux. Chaque jour marque un progrès étonnant dans son esprit. Qui aurait deviné cette âme profonde et cette intelligence active sous cet habit de toile bise et sous cette physionomie ingénue ? Il a trouvé ici des livres, il ne les lit pas, il les boit ! Il parle peu, et on ne s’apercevrait pas de ses progrès, si par moments son émotion secrète ne s’échappait en jets de flamme. Parfois, il me confond, je l’avoue, et je défends mal mes idées quand il les combat.

HENRI, soupçonneux. Il vous entraîne alors, et bientôt vous penserez comme lui !

MARIE. Non, Cadio est jacobin, et, quelque chose que nous fassions, il restera dans les partis extrêmes. Le voilà, annoncez-lui le départ.




Scène III. — Les Mêmes, CADIO.


CADIO. Le départ ?

HENRI. Oui, c’est pour demain.

CADIO, sans émotion. Décidément ? où allons-nous ?

HENRI. À Maëstricht pour commencer.

CADIO. Non !

HENRI. Comment, non ? Je te jure que si.

CADIO. Je n’y vais pas.

HENRI. Tu ne veux plus servir ?