RABOISSON, lui baisant la main. Vous me dites cela d’un air bouleversé ; qu’y a-t-il ?
SAINT-GUELTAS. Et Louise, où est-elle ? encore à sa toilette ?
ROXANE. Je vais lui dire de se dépêcher. (À Raboisson.) Elle sera joyeuse de vous serrer la main. (Elle sort.)
RABOISSON. Elle a l’œil effaré, la belle tante ! Serait-elle jalouse du bonheur de sa nièce ?
SAINT-GUELTAS. Non, elle me déteste à présent.
RABOISSON. Mon cher, tu ne me dis pas tout ! Tes amours sont traversées de quelque gros nuage.
SAINT-GUELTAS. Louise est souffrante, capricieuse… Elle me reprochera toujours de lui avoir caché la mort de son père pour l’amener ici.
RABOISSON. Elle a raison !
SAINT-GUELTAS, avec impatience. Enfin tu exiges ce mariage ? c’est ton idée fixe ?
RABOISSON. C’est mon ultimatum. N’as-tu donc pas compris mes lettres de Londres ? Ce n’est pas seulement par un sentiment de délicatesse envers la famille de Sauvières que j’insiste, il y va de ton avenir.
SAINT-GUELTAS, inquiet. Parle plus bas ; elles sont là…
RABOISSON. Parlons bas certes, mais parlons net. L’envoyé de Londres que je t’amène est un dévot rigide : une fille de grande maison, comme Louise, séduite et abandonnée, serait entre toi et la faveur des princes un obstacle invincible.
SAINT-GUELTAS. Ils sont donc gouvernés par des cagots et des vieilles femmes ? Parbleu ! il sied bien à l’un, qui n’est pas plus croyant que nous, à l’autre, qui a vécu autant que nous dans les plaisirs, de faire