Page:Sand - Cadio.djvu/298

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il me semble qu’il n’est pas plus blanc que moi !

RABOISSON. Rassemble vingt mille chouans, et tu pourras faire tes conditions. Combien en as-tu autour d’ici ?

SAINT-GUELTAS. Cinq ou six cents déjà.

RABOISSON. Ce n’est guère !

SAINT-GUELTAS. Je suis en Bretagne depuis vingt-quatre heures, et tu trouves que le résultat est mince ?

RABOISSON. Alors, reprends tes courses, et reviens vite avec tes recrues.

SAINT-GUELTAS. Je reviendrai quand vous serez battus.

RABOISSON. Grand merci !

SAINT-GUELTAS. Il faudra bien alors que vous preniez mes ordres ! Une bonne victoire des républicains fera tomber les préventions de mes amis et rabattra les prétentions de mes ennemis. Au revoir, mon cher ; j’ai le temps de penser à mes affaires domestiques, comme tu dis, et de faire rentrer ma seconde femme dans le devoir.

RABOISSON. Louise ! Que dis-tu ? qu’a-t-elle fait ? où est-elle ?

SAINT-GUELTAS. Où elle est, je n’en sais rien. Elle s’est enfuie de chez moi pendant que je me rendais ici. On vient de me l’apprendre. Je sais qu’elle erre dans les environs, guettant le moment de s’embarquer ou de faire pis.

RABOISSON. Comment ! Louise te quitte ? Elle te trompait ? C’est impossible !

SAINT-GUELTAS. Louise me trompait en ce sens qu’elle cherchait depuis longtemps à s’assurer une autre protection que la mienne ; elle me menaçait sans cesse de me quitter. Elle est injuste, impérieuse, dévorée