Page:Sand - Cadio.djvu/338

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par les deux parties. Quant à présent, comme cela est impossible, ne les soulevons pas, et séparons-nous.

CADIO. Mais, moi, je ne suis pas hors la loi, je l’invoque ; elle sanctionne mon droit, la femme que j’ai épousée m’appartient, et, par là, elle recouvre son état civil, elle rentre dans la loi commune.

SAINT-GUELTAS. Alors, vous persistez, vous ?

CADIO. Oui, et c’est mon dernier mot.

SAINT-GUELTAS. Il est charmant ! mais voici le mien. Je regarde votre opposition comme nulle et je passe outre, car j’emmène ma femme, — ou ma maîtresse, n’importe ! Je tiens pour légitime celle qui s’est librement confiée, et donnée à moi, et qui n’a jamais eu l’intention d’appartenir à un autre.

LOUISE. Cet homme le sait bien. Je croyais à son dévouement, à sa probité. Nous nous étions expliqués d’avance, il connaissait la promesse, qui me liait à vous. Il regardait comme nul, et arraché par la violence de la situation qui m’était faite, l’engagement que nous allions simuler, et dont les traces écrites devaient être anéanties. Il était simple et bon alors, cet homme qui me menace aujourd’hui. Le voilà parvenu, ambitieux peut-être !… Non, ce n’est pas possible ! Tenez, Cadio, voici votre anneau d’argent que j’avais conservé par estime et par amitié pour vous. Voulez-vous que je rougisse de le porter ?

CADIO, ému. Gardez-le, je mérite toujours l’estime pour cela…

SAINT-GUELTAS, l’interrompant et prenant le bras de Louise. Bien ! assez ! je pardonne à votre folie. — Votre serviteur, monsieur de Sauvières ! (À Cadio qui s’est placé devant la porte.) Allons, mordieu ! faites place !