CADIO. À vous que couvre la parole du colonel, il le faut bien ! mais à elle, non. J’ai dit non, et c’est non !
SAINT-GUELTAS. Vous voulez me forcer à vous casser la tête ?
HENRI. Vous ne pouvez rien ici contre personne, monsieur le marquis, puisqu’en raison de mes engagements, personne ne peut rien ici contre vous. Je vous prie de ne pas l’oublier !
SAINT-GUELTAS. Il paraît que l’on peut retenir ma femme prisonnière pour la livrer à cet insensé ? Vous ne pensez pas que je m’y soumettrai, monsieur de Sauvières. Faites-nous libres sur l’heure, ou je donne un signal qui vous livrera tous à la merci des gens que je commande. Croyez qu’ils ne sont pas loin et que l’on ne me fera pas violence impunément. Vous voulez sans doute éviter d’exposer nos hommes à s’égorger pour un motif qui nous est purement personnel ? Vous avez raison. Faites-donc respecter votre autorité, et mettez aux arrêts cet officier qui se révolte.
HENRI. C’est inutile, monsieur, il cédera à la raison et à la justice, je le connais. Permettez-moi de l’y rappeler devant vous. Il faut que ma cousine soit délivrée une fois pour toutes des craintes qu’une situation si bizarre pourrait lui laisser. Soyez calme, mon devoir est de vous protéger tous deux ; je n’y manquerai pas, fallût-il sévir rigoureusement contre mon meilleur ami. (À Cadio.) Admettons que tu aies raison en droit, ce que j’ignore, tu as tort en fait. Il y a là une situation sans précèdent peut-être. Un instant la législation nouvelle a pu être méconnue par tout un parti résolu à la détruire ; ma cousine appartenait