Page:Sand - Cadio.djvu/388

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REBEC. Et puis j’ai racheté ma faute, si c’en est une, en soignant vos blessés.

CADIO. Alors, que veux-tu ? Finissons-en !

REBEC. Je disais… je disais que tous ces prisonniers ne sont pas également coupables. Ceux qui étaient à Londres n’avaient pas ratifié le traité de la Jaunaie.

CADIO. Ils sont solidaires des mensonges et des trahisons de leur parti.

REBEC, insinuant. Permets, permets ! La preuve qu’ils ne s’entendaient pas dans ce temps-là, c’est qu’ils n’ont pas pu s’entendre à Quiberon. Je ne dis pas que la Convention puisse les absoudre ; mais le général Hoche… il est certain que, s’il le pouvait, il leur ferait grâce. Il est parti bien vite, pour ne pas voir cette longue et sanglante exécution. Il s’en lave les mains, et les vôtres sont condamnées à verser froidement le sang des vaincus ! C’est commode, conviens-en, de se tirer comme ça des choses désagréables ! On s’en va couronné des lauriers de la victoire, adoré des populations,… et le rude militaire, l’homme austère et résigné, comme voilà le général Lemoine… et toi-même, vous restez chargés de la besogne du bourreau et de l’exécration des royalistes passés, présents et à venir. L’exécution tire à sa fin, il est temps. Vos soldats se lassent et s’attristent. Je les vois, je les observe ; ils ne rient ni ne chantent, et les cabarets, où, au commencement, on venait, dit-on, pour s’étourdir et s’exalter, sont muets et déserts aujourd’hui. Toi-même, capitaine Cadio, tu es pâle, tu es malade, tu en meurs !

CADIO, troublé. N’importe, j’irai jusqu’au bout !

REBEC. Il paraît qu’ils meurent bien, ces malheureux ?