Page:Sand - Cadio.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CADIO. Ils n’ont que cela à faire pour se racheter de la honte.

REBEC. Alors, toi, tu es incorruptible ?

CADIO, se redressant. Que signifie ce mot-là ?

REBEC, embarrassé. J’ai voulu dire inflexible !

CADIO. Le mot t’a échappé, il m’éclaire ! Tu me crois capable…

REBEC. Mon Dieu, mon Dieu ! tu es homme comme un autre ! Tu m’as écouté quand je t’ai révélé la validité de ton mariage ; tu as profité de mon conseil pour faire valoir tes droits. Je t’ai rendu là un service que tu ne dois pas oublier, Cadio !

CADIO. Tu as cru… Oui, je me souviens, à présent ; tu as dû croire et tu as cru que je spéculerais sur la situation comme toi, imbécile !…

REBEC, inquiet. Tu te fâches… Tu es mal disposé, je te quitte.

CADIO, le retenant. Non pas, tu es chargé de négocier la rançon de quelque prisonnier, et tu as cru que je m’y prêterais. Tu vas te confesser, ou bien…

REBEC, effrayé. Non, non ! ne me traite pas en suspect… Diable ! je n’ai pas envie de m’exposer pour cette dame…

CADIO. Quelle dame ? Réponds tout de suite !

REBEC. Je dirai tout, j’irai au-devant de tes soupçons. Je venais pour te révéler un complot tendant à délivrer deux prisonniers condamnés à mort dans la séance d’hier, Saint-Gueltas et Raboisson. J’avoue que le dernier m’intéresse, mais…

CADIO. Quelle est la femme qui s’intéresse à Saint-Gueltas ? Nomme-la, je le veux !

REBEC. C’est celle que les insurgés appellent la grand’comtesse, c’est la citoyenne de Roseray.