Page:Sand - Cadio.djvu/396

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sait si dans quelques années on n’y viendra pas en pèlerinage !

L’ABBÉ SAPIENCE, qui s’est rapproché d’eux. On y viendra, monsieur ! La République se perd en nous sacrifiant, et le martyre va nous sanctifier !

RABOISSON, riant. Alors, nos ossements feront des miracles ? Parlez pour vous, monsieur ; mais, moi qui n’ai jamais cru à rien, je ne ferai pas marcher les paralytiques.

SAINT-GUELTAS. Et moi donc ! à moins que ma poussière ne serve à composer des philtres amoureux… (On entend des cris et des imprécations sur le côté de la prairie qui est opposé à la palude. C’est une rixe simulée entre des paysans pour attirer les regards de ce côté-là.)

RABOISSON. C’est le signal, adieu !

SAINT-GUELTAS. Non pas, au revoir ! (Il se baisse, traverse les buissons, se laisse rouler au bas du talus, rampe dans l’oseraie de la palude et se jette dans la rivière.)

UN SOLDAT, s’en apercevant et parlant à son voisin. Eh bien, en v’là, un crâne ! Ne dis rien, il a bien gagné d’en être quitte.

L’AUTRE. Mais c’est un chef, et un rude !

LE PREMIER. Ah ! tant pis, c’est un de moins à descendre.

STOCK, bas, à Raboisson. Eh bien, et vous ?

RABOISSON. Merci, Stock, je suis bien ici.

STOCK, à part. Mieux que moi !