Page:Sand - Cadio.djvu/397

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Scène VI. — MOTUS, CADIO, SAINT-GUELTAS, LOUISE, un Sous-Officier, un Soldat.

(Dans le bois, sur l’autre rive du Loch. — Saint-Gueltas, au moment d’aborder, est aperçu par les bleus en embuscade, qui tirent sur lui. Il disparaît.)


MOTUS, qui observe d’un peu plus haut avec Cadio. L’affaire est faite, mon capitaine.

CADIO. À moins qu’il ne nage entre deux eaux. Regardons bien !

MOTUS, au bout de quelques instants. Il ne pourrait pas si longtemps que ça. Il a été au fond.

CADIO. Non ! Vois ! (Il vise Saint-Gueltas, qui a abordé sous les buissons et qui monte droit à lui sans le voir.)

LOUISE, sortant du taillis à côté de Cadio, se jette à ses genoux, qu’elle embrasse. Grâce pour lui, et je suis à toi ! (Cadio, éperdu, laisse retomber son arme. — Louise s’élance au-devant de Saint-Gueltas.) Fuyez !

SAINT-GUELTAS. Louise ?

LOUISE. J’ai agi sous le nom d’une autre pour vous décider…

SAINT-GUELTAS. Ah ! généreuse amie !… Viendras-tu avec moi ?

LOUISE. Jamais ! Fuyez !

SAINT-GUELTAS, voyant Cadio. Ah ! ah ! je comprends ! Je n’accepte pas !… Monsieur Cadio, je vous remercie ; mais j’ai fait serment à mes amis de retourner mourir avec eux. J’y vais, ne vous en déplaise ! (Il s’élance vers la rivière, s’y jette en plongeant, échappe aux balles des soldats embusqués, traverse la palude sans que les soldats de la prairie qui le couchent en joue tirent sur lui, et, remontant le talus, va prendre son rang auprès de Raboisson pour être fusillé, aux acclamations des prisonniers et des soldats. Raboisson lui serre la main. Au moment où ils tombent, on entend le cri de Vive le roi ! et un coup de fusil plus loin derrière eux.

UN SOUS-OFFICIER. Qu’est-ce que c’est, nom de… ?