Page:Sand - Cadio.djvu/70

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CHAILLAC. Il ne faut rien exagérer, c’est inutile. Le citoyen Sauvières n’était pas oppresseur, et il ne vous a pas livrés, puisqu’on vous a retrouvés ici sains et saufs le lendemain de la chasse que nous avons donnée à l’avant garde de Saint-Gueltas !

MOUCHON. Grande action, action sublime, commandant Chaillac, et qui burine votre nom au frontispice de la renommée !

CHAILLAC. Oui, oui, vous me flattez pour que je ne vous reproche pas votre couardise ! Si vous aviez eu un peu de cœur au ventre, ce jour-là, on n’aurait pas massacré sous vos yeux ce malheureux Le Moreau.

REBEC. Commandant, les portes étaient fermées entre nous et ce forfait exécrable.

CHAILLAC. Il fallait les enfoncer ! Celles de la Bastille étaient plus solides ! Pauvre municipal ! un homme de cœur, celui-là, et qui parlait bien !

REBEC. Un peu emphatique.

MOUCHON. Ah ! il était empha… Comment dites-vous ?

REBEC. Je maintiens le mot, il s’écoutait parler, c’était son défaut ! Il aura fait des phrases au vieux Sauvières, — ça l’aura ennuyé…

CHAILLAC. Qu’est-ce que vous dites donc ? Vous donneriez à penser que Sauvières a ordonné sa mort ?

REBEC. Dame ! est-ce que les aristocrates ne sont pas capables de tout ?

CHAILLAC. Vous ne savez pas ce que vous dites ! On a trouvé les deux assassins enchaînés dans le cachot de la tour neuve avec cet écriteau : « Sauvières abandonne ces deux criminels au châtiment qu’ils méritent. »

REBEC. Très-bien ! mais vous n’en avez fait fusiller