Page:Sand - Cadio.djvu/71

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qu’un ; l’autre, un certain Tirefeuille, un coquin fini, a réussi à s’évader… Et quand on pense qu’un scélérat comme ça rôde peut-être encore dans les environs ! Vous m’avouerez que ce n’est pas rassurant, la vie que nous menons ici, Mouchon et moi.

CHAILLAC. Vous voilà bien malades d’être préposés à la garde de ce château ! Vous y faites chère lie, car on n’a pas mis les scellés sur la cave, à ce que je vois.

REBEC. Ni sur la volaille, heureusement ! Encore un peu de ce tokay ? il est gentil !

CHAILLAC. Non, j’en ai assez. Je suis triste. Il me semble que je vois le sang de Le Moreau sur le pavé… et jusque sur la nappe !

REBEC. Sacredieu ! taisez-vous donc, commandant ! Ça fait frémir, des paroles comme ça ! Ah ! oui, vous avez le vin triste, vous ! (Il se lève.)

MOUCHON, qui écoute. Chut !

CHAILLAC. Quoi donc ?

MOUCHON. Vous n’avez rien entendu ?

REBEC. Si fait, j’entends !

CHAILLAC. Qu’est-ce que vous entendez ?

MADELON, qui est au fond. C’est comme des cris et des gémissements !

JAVOTTE. Eh non ! c’est comme des cris de joie au loin.

CHAILLAC, au fond. Êtes-vous bêtes ! C’est une trompette à la porte du donjon. (Aux servantes.) Courez ouvrir ! m’entendez-vous ?

REBEC. Mais un instant, un instant ! Si c’est les brigands de Saint-Gueltas qui reviennent se venger ! Vous n’avez pas avec vous la moindre escorte, et ici nous ne pouvons pas compter sur les habitants.

CHAILLAC, écoutant. Soyez donc tranquille ! C’est une