Page:Sand - Cadio.djvu/74

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HENRI. Au fait, pour quoi es-tu ici ?

REBEC. Hélas ! monsieur Henri, vous savez, le séquestre !

HENRI. Ah oui ! tu es préposé…

REBEC. On m’a forcé d’accepter cet emploi-là. Ça fait grand tort à mon établissement dans la ville, et ça me dérange fort de mes petites affaires.

HENRI. Je te croyais adjoint à la municipalité.

REBEC. J’ai donné ma démission, le poste était périlleux.

HENRI. Et tu n’es pas précisément un foudre de guerre, toi, je me souviens…

REBEC. Et puis le dévouement me commandait de rester ici.

HENRI. Le dévouement à la République ?

REBEC. À votre famille surtout. Un gardien fidèle…

HENRI. Surtout est de trop. On ne t’en demande pas tant. Fais ton devoir et ne t’occupe pas du reste.

REBEC. Ah ! alors… vous, vous êtes avec nous ? tout à fait ? sans arrière-pensée ?

HENRI. Comment sans arrière-pensée ? Tu demandes ça à un officier de cavalerie de l’armée républicaine ?

REBEC. Ah ! vous êtes dans la cavalerie ? Et votre régiment ?

HENRI. Partie ici, partie à Puy-la-Guerche.

REBEC. Enfin ! enfin ! vous voilà arrivés pour nous défendre et nous protéger ? Dieu soit loué ! Et c’est ça l’uniforme ?

HENRI. Dame, il n’est pas cossu. Nous ne sommes pas des gens de cour, la République n’est pas riche, nous nous contentons de ce qu’elle donne.

REBEC. Oh ! vous êtes un vrai patriote, vous, un bon ! Ça réjouit le cœur de vous entendre parler comme