Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/100

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pas… et que je ne connaîtrai jamais, car, grâce à vous, je vois que j’y serais fort déplacé et m’y déplairais souverainement.

Si je n’ai pas dit ces mots-là, j’ai dit quelque chose d’analogue et d’assez clair pour provoquer l’accès de fureur où elle entrait quand tu es venue nous surprendre. Et maintenant, ma tante, direz-vous que c’est là une enfant gâtée un peu coquette ? Je dis, moi, que c’est une femme déjà corrompue et très-dangereuse pour un homme qui ne serait pas sur ses gardes ; elle a cru que j’étais cet homme-là, elle s’est trompée. Je ne la connaissais pas, elle m’était indifférente ; à présent elle pourrait m’interroger encore, je lui répondrais tout franchement qu’elle m’est antipathique.

— C’est pourquoi, mon cher enfant, il ne faut plus t’exposer à être interrogé. Tu vas te retirer, et, quand tu viendras me voir, tu sonneras trois fois à la petite grille du jardin. J’irai t’ouvrir moi-même, et à nous deux nous saurons faire face à l’ennemi, s’il se présente. Je vois que Césarine t’a fait peur ; moi, je la connais, je sais que toute résistance l’irrite, et que, pour la vaincre, elle est capable de beaucoup d’obstination. Telle qu’elle est, je l’aime, vois-tu ! On ne s’occupe pas d’un enfant durant des années sans s’attacher à lui, quel qu’il soit. Je sais ses défauts et ses qualités. J’ai eu tort de t’amener chez elle, puisque le résultat est d’augmenter ton éloignement pour elle, et qu’il y a de sa faute dans ce résultat. Je te demande, par affection pour moi, de n’y plus songer et